Si la mémoire des hommes est parfois défaillante, la nature a gardé les traçes de l'aventure soyeuse...
Et tout débute par une histoire de "couleur" de Murier...
Il va falloir reconnaître
Murier blanc (chinois et utile pour nourrir le ver à soie) et
Murier noir (importé pour ses fruits du Moyen Orient pendant l'Antiquité).
En résumé si le fruit est blanc, c'est un Murier blanc...
Si le fruit est acide, n'a pas de queue, c'est un Murier noir...
Dans tous les autres cas, le doute subsiste....
Petite précision, le fruit quoique appelé Mûre, n'est pas celui dont on fait les confitures...
C'est la Ronce qui porte les fruits à confitures.
Voici donc un Murier avant fructification, pas vraiment possible de savoir quelle est son espèce...
L'art de la soie, importé de Chine, se développa depuis la Grèce (VI ème siècle) vers l'Italie, puis la France sous François Ier.
On nourrissait les vers (Bombyx du murier) à l'aide des feuilles du murier blanc jusqu'à ce qu'ils fassent leurs cocons et éboullantait une partie des cocons avant éclosion pour en défiler le fil de soie.
Le tissage était ensuite manuel et fournissait du travail à bon nombre de Cévenols, Ardéchois et autres Canuts lyonnais.
Vint ensuite la fin de l'Age d'Or...
La révolution industrielle au XIXèmè et la mécanisation des métiers à tisser...
Une maladie du ver en 1845, la
pébrine qui ruina les élevages et conduit un moment à envisager une alternative : un autre ver (Bombyx de l'Ailanthe)
L'
Ailanthe fut introduit lui aussi de Chine, mais la soie obtenue de qualté inférieure ne connut pas de succès...

Aujourd'hui, l'Ailanthe, retourné au monde sauvage, envahit tous les fossés, bord de ruisseaux et endroits ombrageux...
La victoire, après 20 années de recherches, de la médecine sur la pébrine (la maladie venait d'un champignon se dévellopant sur les feuilles de Murier ramassées trop humides) ne relança la sériciculture qu'un court moment.
La percée du Canal de Suez (1869) limita les coûts d'importation de la soie chinoise puis l'invention de la soie artificielle (1891) tua définitivement l'intérêt économique de la production traditionnelle.
Ne subsistent donc aujourd'hui que quelques témoins végétaux....